On parle de notre ami et membre Bruno Sans...

Bruno Sans, aventurier solitaire en handbike

Lunel 

CAROLINE FROELIG
13/08/2011, 06 h 00



Lors de ses voyages, Bruno Sans fait de la photographie. Il prépare aujourd’hui un diaporama pour un festival qui reviendra sur ses aventures de cyclistes très humaines. (© D.R)


Bruno Sans, bientôt 42 ans, affiche un grand sourire et une tchatche de la même taille. À la mesure de l’aventure cycliste et humaine dans laquelle ce Lunellois s’est lancé en 2008. Paraplégique depuis l’adolescence suite à un accident, il a en effet choisi de partir seul sur les routes, en France comme à l’étranger. Son fauteuil se range alors à l’arrière de son handbike, vélo au ras du sol, et il se met à pédaler avec les mains.

Plaisir, émotions, rencontres : au fil de centaines de kilomètres, ce sportif a ainsi amorcé une belle histoire. "Dans les voyages que je faisais déjà avec l’association Aventure handicap, je trouvais que ma sensation de liberté était diminuée. Partir d’un point A et y revenir, avec une assistance, pour retrouver son fauteuil... Je ne gagnais pas en autonomie. Comme le dit mon père (NDLR : le pâtissier Pierre Sans), je suis un stakanoviste de l’autonomie. Mais si on sort de ce périmètre, ça prend une autre dimension. C’est vertigineux ! J’ai l’impression d’être un pionnier."

Cette sensation extrême, découverte lors d’un premier voyage vécu comme un défi personnel, le cycliste a donc décidé de la revivre. Enchaînant les départs, laissant sa famille plusieurs semaines, pour se muer en "nomade à vélo".

Il avance ainsi au gré des échanges humains et des "routes blanches sur les cartes", une petite radio à dynamo pour seule compagnie, dressant sa tente (camping ou bivouac sauvage), s’offrant des "couchers de soleil au milieu de nulle part".

Du Nord au Sud de la France en passant par l’île de Ré (1 450 km en 30 jours), le long du canal du Midi, du Québec à Boston (États- Unis), il a ainsi multiplié les aventures. En mai dernier, direction la Corse, où il s’est testé au sommet des cols. Puis en juillet, il a participé à l’arrivée de l’AlterTour (pour un monde plus propre et sans dopage) sur le Larzac. Une manifestation dont il veut devenir le relais, l’an prochain, en Ariège, où il vit désormais.

Car Bruno Sans a aussi l’esprit militant. Programmateur au festival de cinéma Résistances, à Foix, intéressé par tout ce qui relève des alternatives, il souhaite cultiver, dans un monde qu’il trouve hyper stressé, un temps plus lent.

A son rythme (avec toutefois un record en descente à 93 km/h...), sur la route, Bruno Sans n’a quasiment jamais rencontré de problème. "C’est hors norme, les voitures font plus attention", a-t-il remarqué. Une fois, aux États-Unis, il a eu peur, mais à cause d’une blessure et de "l’affreux Dave", qui refusait de l’aider. Il préfère raconter cette vieille dame "en train d’arroser son jardin à la fraîche. Je lui tends mes bidons, qu’elle remplit. Je lui demande s’il y a un camping. Elle m’invite à planter la tente dans son jardin". Car son voyage n’est pas uniquement solitaire : "Je cherche le contact. Je sollicite en permanence la bienveillance des gens". Depuis son vélo, il les trouve plutôt "ouverts et généreux". Alors il n’est pas prêt de s’arrêter de pédaler...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire